Ce que pense Marcel... des grèves à EDF et GDF (entretien avec Maurice Marion porte-parole CGT énergie)

Entretient avec Maurice Marion porte-parole de la Fédération Nationale des Mines et de l’Energie (FNME) affiliée CGT qui regroupe les salariés des entreprises de transport, de production, de distribution et d’extraction d’énergie.

De retour d’une manifestation des salariés d’EDF et GDF, Maurice Marion a un visage serein. Pourtant à quelques mètres de là le téléviseur du bureau voisin rend compte de la faible mobilisation de la journée. Seul 15% des salariés du secteur de l’énergie se sont mobilisés contre 54% mi-novembre. La pluie, le froid et surtout la bombe qui explosa un peu plus tôt sur le tracé de la manifestation, boulevard Malesherbes, concourent à cela. « Le gros de la mobilisation a eu lieu en province » relativise t-il. « A Airbus ils ont même été jusqu’à couper le gaz et l’électricité des chaines de productions ! » C’est donc la raison pour laquelle, quelques minutes auparavant, un autre membre de la « fédé » trinquait en salle détente à la santé du « pauvre Louis Gallois »(PDG d’Airbus puis d’EADS)

Titulaire d’un BEP électricien, il s’avère être un habile communiquant. Ses revendications émergent rapidement. Si les retraités et les jeunes salariés de l’entreprise EDF obtiennent de la direction un coup de pouce financier (les premiers voient leur pouvoir d’achat revalorisé de 4,5% et leurs cadets, eux, bénéficient de 5% d’augmentation), il n’en est rien pour le gros des salariés. Bien que la direction ne transige pas à ce sujet, il se refuse à des grèves reconductibles. Il constate que des actions symboliques comme EDF et GDF en ont l’habitude valent mieux qu’un conflit qui s’embourbe.

Le discours de la CGT énergie est simple : pas de défense des acquis des salariés, l’accent est porté sur le service public et donc les clients.  « En janvier 2004, 70% des français étaient favorables à la privatisation d’EDF-GDF. Notre communication était mauvaise. Tout le monde voulait mettre fin à « notre statut de nantis. » On a ensuite changé notre discours en ne parlant plus de privatisations mais en mettant en lumière le coût pour les consommateurs d’une ouverture trop poussée du capital. » Résultat, en juillet 2004, au moment de l’ouverture du capital d’EDF, 44% des français y étaient défavorable. Mieux encore 82% des personnes interrogées ne souhaitaient pas voir la part de l’Etat dans le capital descendre en dessous des 50%.

            Cigarillos à la bouche, Momo, comme ces camarades l’appellent, n’aime pas qu’on lui parle d’équité. « Parce que leur équité ne va que dans un sens. » Une femme au sein d’EDF ou de GDF ne gagne qu’une annuité de cotisations par enfant contre 2 dans le privé, s’insurge t-il. De plus, les cadres du privé gagnent 3 fois plus en moyenne que ceux d’EDF et GDF.

Ce membre du PCF reconnaît l’existence de dissensions au sein de la CGT.  « Mais n’est-ce pas un signe de démocratie en interne ? » Par contre de combat des chefs entre un Iznogoud alias Didier Le Reste (secrétaire général CGT Cheminot) et Bernard Thibault dans le rôle d’Haroun Pacha, il n’est pas question. Seule personne habilitée à parler de la gestion du comité d’entreprise d’EDF (le plus gros de France), il pense que si la CGT avait pioché dans les caisses, alors la cour des comptes l’aurait déjà prouvée. « Si le CCAS (CE d’EDF) a prêté du matériel vidéo pour filmer les concerts de la fête de l’Huma c’est un choix que nous assumons politiquement. Cela permet aux jeunes dans les installations de vacances d’EDF de visionner des concerts. Idem si cet argent a permis à des enfants palestiniens de venir en vacances dans ces mêmes installations afin d’oublier leurs problèmes et de jouer avec de jeunes français.» Et d’ajouter : «  Vous verrez la procédure accouchera d’une souris et on se rendra compte que les scandales qui touchent la CGT ne sont que des effets d’annonces qui nous frappent lorsque la mobilisation syndicale est forte. » 

 Propos recueilli par Mehdi Oucherfi à Montreuil le 6 décembre.